Le Figaro Littéraire (22 février 1996) posait la question suivante à des écrivains et philosophes: "Reste-t-il des causes qui méritent qu'on meurt pour elles ?". Voici la réponse de notre Consul général, Jean Raspail: "Le royaume de Patagonie"...

JEAN RASPAIL

"Le royaume de Patagonie"


Il est mort des écrivains a peu
pres pour toutes les causes,
bonnes ou mauvaises, et vice
versa selon l'opinion qu'on en a.
Je ne suis pas du tout certain
que tous se soient précipités à la
mort consciemment. C'est plu-
tôt la roue du destin qui a mal
tourné. Fusillés ou pendus au
petit matin, ou assassinés au
coin d'une rue, ce n'est que
dosage de légalité, des exécu-
teurs tenant le pouvoir ou ne le
tenant pas encore.
. Aujourd'hui, il semble que l'opi-
nion du plus grand nombre soit
extremement sélective et
- n'admette une'belle mort violen-
te d'écrivains que pour des
causes estampillées : droits de
l'homme, liberté, démocratie. Si
d'aventure il me 'fallait mourir
pour une cause, j'aimerais bien
que ce soit pour le royaume de
Patagonie, mais il n'est nulle-
ment menacé. Alors, le " Camp
des Saints ", peut-être ? On ne
sait jamais..